Gallium, rhénium, germanium, hafnium, terres rares… En quelques décennies, certains métaux dits « mineurs » sont devenus cruciaux pour la plupart des secteurs industriels, et tout particulièrement pour les technologies de pointe. Dotés de propriétés hors classe, ils sont aujourd’hui au cœur d’enjeux économiques et géopolitiques critiques, et il faut s’attendre à de fortes tensions sur les prix dans les années à venir.
Le nombre des métaux utilisés par nos sociétés a explosé, en passant d’une quinzaine d’éléments différents au début des années 70 à plus de cinquante aujourd’hui. Ces nouveaux métaux ont porté tous les récents progrès technologiques, et se sont généralisés dans la plupart des filières industrielles. Certains d’entre eux sont cruciaux pour des applications d’avenir : l’indium pour les écrans plats ou les panneaux solaires, le lithium pour les batteries de véhicules électriques, certaines terres rares pour les aimants permanents des génératrices des éoliennes, le titane pour des applications médicales et aéronautiques, le rhénium pour l’aéronautique…
Cette multiplication des usages s’inscrit dans une période de développement économique fulgurante des marchés émergents : la demande de l’industrie pour ces métaux est portée par une croissance structurelle appelée à se renforcer avec les années.
Du côté de l’offre, le système productif fait souvent preuve d’inélasticité : Confronté à des cycles de mise en production longs, contraintes économiques, géologiques, technologiques et nouvelles normes environnementales : les firmes minières sont en effet incapables de répondre aux brusques augmentations de la demande. Et, pour beaucoup de ces métaux, les réserves sont concentrées entre les mains de quelques producteurs, parfois dans des pays en situation d’instabilité forte.
Ces paramètres combinés conduisent souvent à des situations sans précédent : crises aigues, risques de pénurie. Ces métaux sont ainsi passés, en quelques décennies, du statut de « métaux exotiques » ou encore « métaux rares » à celui de ressources stratégiques, et, pour certains, le défi de l’approvisionnement est imminent…
Ces « petits « métaux constituent une palette d’une cinquantaine d’éléments dans laquelle puisent les métallurgistes pour élaborer de nouveaux matériaux. On utilise également l’expression « métaux mineurs » pour les désigner, par opposition aux métaux dits « majeurs » que sont le fer et l’acier, et les autres métaux « de base » comme le cuivre, l’aluminium ou le zinc.
Ces expressions, bien que courantes dans les secteurs industriels concernés, ne font pas l’objet d’une définition précise et communément admise ; le périmètre des métaux considérés comme Stratégiques ou mineurs varie selon les spécialistes, et c’est une notion qui varie avec le temps et les évolutions de la production.
D’autres expressions, moins courantes, sont parfois utilisées pour qualifier ces métaux dans leur ensemble (métaux spéciaux, petits métaux, métaux exotiques…), ou par catégories selon leurs domaines d’application (métaux high-tech, métaux verts, métaux aimants…).
Bien qu’ils se distinguent les uns des autres par des propriétés et usages bien spécifiques, plusieurs critères communs permettent de caractériser ce groupe de métaux :
Jusqu’à peu, on pouvait considérer la catégorie des « métaux mineurs » comme l’ensemble des métaux industriels non côtés sur les marchés. Mais, depuis quelques années, le cobalt et le molybdène, 2 métaux mineurs, sont désormais cotés sur le London Métal Exchange.
Le saviez-vous ?
Sous l’Empire Ottoman, les orfèvres façonnaient des théières incrustées de rubis et d’émeraudes à partir du zinc, un métal alors peu connu et considéré comme très précieux. De nos jours, le cours du platine dépasse largement celui de l’argent, mais c’était loin d’être le cas au XIXe siècle, au point que les faussaires se servaient du platine pour réaliser de faux lingots d’argent…
Il est important de bien distinguer la rareté géologique d’un métal ou minerai, de la rareté commerciale du produit raffiné.
L’exemple des métaux des « terres rares » en est l’illustration parfaite. Si l’on considère leur présence dans la croûte terrestre, ces éléments apparaissent comme relativement abondants (exception faite du prométhium, qui n’existe pas à l’état naturel). En revanche, en raison de leurs propriétés physico-chimiques, ils sont généralement très dispersés dans la roche et leur exploitation demande d’excaver des quantités importantes de minerais. De plus, ils sont souvent présents en mélange et très difficile à séparer, aussi leur raffinage exige des technologies de pointe.
Ces « terres rares » ou « métaux rares » doivent leur nom à cette grande difficulté pour les isoler et donc les identifier, qui a conduit à les rendre longtemps indétectables aux instruments des scientifiques. Lors de leur découverte, très tardive dans l’histoire des métaux, les savants ont alors crûs qu’ils faisaient face à des éléments d’une extrême rareté.